Le musée d’histoire peu naturelle 2006

Galerie du Haut-Pavé. 3 quai Montebello . 75005 Paris. 01 43 54 58 79. www.haut-pave.org
exposition du 23 mai au 17 juin 2006

Simone de Beauvoir a écrit : « On ne naît pas femme : on le devient ».

Donna Haraway a proposé « situated knowledge » (la connaissance située) dans la méthodologie scientifique. Elle a indiqué que la production de la connaissance est instable, imparfaite, non-innocente et non-littérale. Rien ni personne n’est totalement clair, ni exempt de préjugé, exact, ou un génie par naissance.

Cette œuvre est imparfaite, ludique et « vivante ». Elle suggère la qualité peu naturelle d’une espèce.

Les parasites

Par Marc Guillermin

« Je suis ravie si je peux envahir un espace, plus l’espace est grand plus je suis motivée à l’habiter, mais si l’espace est petit, je l’envahirai quand même. »

Elle a dû apprendre des insectes, ou peut-être des lianes grimpantes cette aptitude à l’invasion et à l’adaptation. Quand on vient d’Indonésie, pays de la démesure des formes vivantes et paradis de l’insecte, où chacun vit avec un  » Baygon  » dans la poche prêt à dégainer, on développe une certaine admiration pour la force de survie de ces parasites.

Survie : un mot dont tout le monde connaît bien le sens, chacun tente de résister à toutes formes de menace, l’univers est hostile. La catastrophe est omniprésente, tout le monde vit avec. Les volcans sont juste au-dessus, tout le pays n’est qu’un volcan, c’est la respiration de la terre.

Alors, il faut vivre conscient des dangers, vigilent, le regard exercé à surveiller les moindres signes, la moindre vibration, le moindre bouton sur le visage. Il ne faut rien négliger. Et, comme tout importe, rien n’importe vraiment. On ne peut que célébrer ce qui nous dépasse.

On vit avec cette conscience aiguë de l’instabilité des choses, de leur fragilité mais aussi de cette puissance extraordinaire à survivre, quoiqu’il advienne.

C’est le principe fondateur de la vie, il y a cette force mystérieuse commune à toute forme de vie de s’adapter, réagir, séduire, se développer, muter, envahir… Aujourd’hui, nous sommes en train de découvrir la fragilité de cette alchimie.

Dans le monde de l’invisible, observons la résistance de certaines bactéries ennemies, par ailleurs d’autres nous sont indispensables, notre corps en abrite un grand nombre, des  » bactéries amies « , contrôlant la colonisation des bactéries nuisibles.

Dans la symbiose, toute forme de vie a besoin de l’autre, il y a interdépendance. Cette notion est essentielle, derrière la survie se cache aussi la notion de territoire à partager, territoire d’échange, de rapport aux autres, de don de soi. Moi avec les autres.

Mais, dans ce pays, comme dans beaucoup d’autres, l’homme venu d’ailleurs est arrivé avec ses classifications, ses quantifications, son désir d’ordre, sa science et son pouvoir de domination. Une fois parti, il a laissé derrière lui, le désordre, ou plutôt un ordre nouveau, fait d’ambitions démesurées, où l’homme est devenu un parasite pour l’homme.

Mais, tout le monde sait que l’homme n’aime pas être dérangé, et l’homme appelle parasites ceux qui le dérangent.