Nature, dénature 2017

Exposition collective
du 9 au 24 juin 2017
du lundi au samedi de 14h à 20 h
dimanche de 11h à 18 h

Nob Ad – Nat B – Isaac Benacera – Henri Bokilo – Naassa Bourokba – Florent Bauche – Florence Bouvry – Sophie Bravo de la Pena – Nicolas Cesbron – Sylvie Decugis – Tangy de Saint Seine – Françoise Diallo – Tristan Felix – Saraswati Gramich – Marc Guillermin – Christophji – Kinkas – Claire Kito – Caro Lalune – Marie-José Laroche – Le collectif écrivant – Guaté Mao – Olivier Ognibene – Stephane Ouradou – Antoine Petit – Olivier Rosenthal – Marie Willaime – Coline Yacoub …

Le collectif écrivant :

Relève de la Nature ce qui croît de soi-même, persiste, change et se détériore jusqu’à la réabsorption. Dénature : fait changer d’état, déséquilibre. Impose une modification non prévue par le développement spontané des composantes. En proposant du 9 au 24 juin l’exposition collective Nature/Dénature (sauvage urbain) les Ateliers Des Artistes Dionysiens Associés ne pouvaient que tendre ce fil du vivant, composite et en mue. Débordant dans la rue, courant sur la placette qui le jouxte, les artistes se partagent les espaces de création, concentrant entre les murs les « natures dites mortes » (Nathalie Bertrand) – où l’écrin précieux des « curiosités du XXIème siècle » (Florence Bouvry) jouxte les crânes rieurs de vanités qui s’interrogent « sur la nature de leur inexistence » (Tristan Felix). Une racine, puissante comme un gros poing fermé, pointe des segments de radicelles stylisés (Saraswati), les arbres plongent leurs réseaux de racines dans l’histoire urbaine (Stéphane Ouradou).

Omniprésence, précarité, reptations, saxifrages.

Le lierre pousse, agrippe, engorge le non grata du territoire (Olivier Rosenthal). Les rhizomes tendent des pattes arachnéennes qui prennent dans la moindre fissure (Valentino). La matière inorganique forme les entrelacs du végétal. Des étincelles surgissent des carcasses de voitures découpées (Marc Guillermin), la chaleur fait fondre les sacs en plastiques pour les rendre couleurs vives, « vitraux d’un âge résolument consumériste » (Sylvie Decugis). Ici, par surimpressions et transparences, des feuillages touffus et des fougères arborescentes ont mangé les façades, concurrençant les grands engrenages d’une production continue (Antoine Petit) ; là, la confusion des échelles réassigne les perspectives (Olivier Ognibe).

Primauté, effroi, soulagement, impuissance.

L’intuition baroque du renversement perce avec dans sa naïveté claire : « Un jour, le pot de terre se cassa, les poissons nagèrent dans le ciel, les oiseaux volèrent dans l’eau » (Claire Kito). Si la suite de l’histoire est un passé non advenu (Françoise Diallo), les arbres peuvent être nés de l’union d’un bonsaï démembré (Maximilien Neumann) et d’objets de rebut (Yvan Loiseau). Le premier homme sera paré de fleurs (Joan et Carolalune). Ses poils se feront longs, pointus et nous reconnaîtrons le vert tendre des herbes que nous avons foulées. Cinq adultes, deux enfants, aborigènes, contemplent étonnés un homme végétal éclore. Apparus ici, dans le bush, couleur sépia, étrangers aux migrations dyonisiennes (Florent Bauche). Mais non plus intacts. En recousant l’hymen pour laisser croire à la virginité d’un corps, les ciseaux de tailleur coupent le fil (Armand Julien Waisfhis) mais la rupture est consommée : l’homme premier garde son statut de mythe. Nourris d’une louve à peau animale sur membres métallisés, Romulus et Rémus s’abreuvent, tressautant dans une ville agitée (Loubna Emmel).

Indices, greffons, échelles, façades, anodin

Ces œuvres, singulières, chantonnant une mélodie frêle ou puissante, ont à tenir ensemble : l’exposition déborde sur les murs et dans l’espace alentour. Des poèmes désaccordent les affiches de la campagne législative (le collectif écrivant). Nous, saisis, qui sentons se produire les disparitions, semons par la ville les ombres blanches de leur présence indicielle (Sylvie Decugis). Sur les grands murs du 60 ADADA, intérieurs et extérieurs, les façades accueillent les semis, venant troubler le cadre de l’exposition : ce qui pousse ne s’utilise pas, mais vit.